Formation en Ostéopathie: On forme deux fois trop d'ostéopathes en France chaque année.

OUEST FRANCE: Le danger des formations en ostéopathie.
A Orvault, Idheo forme des ostéopathes pendant 5 ans. Depuis hier et jusqu'à ce soir, l'école réunit 400 spécialistes. L'occasion d'en savoir plus sur la formation et l'image de cette discipline.
Entretien avec Stéphane Niel, directeur de l'école d'ostéopathie Idheo.



Il existe une quarantaine d'écoles en France. Qu'est-ce qui vous distingue ?

Nous avons ouvert en 2002. L'école d'ostéopathie de Nantes, agréée par le ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, titulaire de la charte universitaire Erasmus, propose une formation à temps plein en 5 ans après le baccalauréat. Nous sommes accrédités pour 300 étudiants. Nous sommes la seule école sur concours, nous recevons 400 demandes pour 60 places chaque année (coût : 7 500 € par an). Notre autre différence, c'est la formation clinique : en 4e et 5e année, les étudiants expérimentent la pratique sur des patients.

Depuis hier et jusqu'à ce soir, vous organisez un colloque. Des médecins « traditionnels » y sont inscrits. La hache de guerre est-elle enterrée ?

L'organisation de ce type d'événements fait beaucoup évoluer le rapport entre ostéopathes et médecins, au niveau local notamment. Chacun est amené à découvrir ce que sait faire l'autre. Mais, la médecine occidentale se fonde sur les preuves. Or, l'ostéopathie est une médecine récente. Peu d'études existent. Nous pensons que la reconnaissance de l'ostéopathie passe par la recherche pour valider nos approches. C'est pourquoi nous avons lancé, avec des universitaires, des programmes en 2008.

Beaucoup d'écoles ont fleuri depuis la reconnaissance officielle de l'ostéopathie (loi de 2002, décrets de 2007). On dit que certains ostéopathes diplômés ont des difficultés à s'installer...

Le ministère de la Santé a accordé des agréments à tout va. Aujourd'hui, on forme deux fois trop d'ostéopathes, il faut que des écoles ferment, il faut des critères drastiques, un référentiel précisant la durée de formation fondamentale et la durée de formation spécifique. Nous réclamons un numerus clausus. Un problème aussi : les jeunes veulent s'installer aux mêmes endroits : dans les grandes villes, sur le littoral, sur la Côte d'Azur. Nantes est saturée comme Rennes. Notre profession fonctionne uniquement par le bouche à oreille. Aujourd'hui, il n'y a de la place que pour les bons.

Comment expliquer l'engouement croissant du public pour l'ostéopathie ?

Nous sommes dans l'ère du bio, pour une médecine durable. L'ostéopathe ne prescrit aucun médicament et n'utilise aucun appareil. Il n'utilise qu'un seul outil : ses mains. Mais, attention, nous nous défendons de dire que nous soignons tous les maux. Nous ne posons pas le diagnostic et nous sommes formés pour être capables de connaître des signes et d'orienter vers d'autres professionnels de santé quand nous ne pouvons agir.

Certaines mutuelles remboursent une à deux séances chez l'ostéopathe. L'ostéopathie reste réservée à ceux qui ont les moyens ?

De plus en plus de mutuelles le font. On consulte un ostéopathe en moyenne deux fois par an, cela ne représente pas un budget si important. Notre centre de consultations est ouvert à tous. Les rendez-vous sont gratuits pour les titulaires des minima sociaux, les handicapés, les salariés des Restos du coeur. Nos étudiants interviennent aussi à la Maison de Coluche auprès des plus démunis.



Rédigé le 21/11/2010 à 17:10 modifié le 21/11/2010


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