La demande et le contexte.
Je reçois Daniel, 33 ans. Il vient me voir car il fait des crises d’angoisse et souffre de phobies d’impulsion, il se fait peur. Il se voit étrangler quelqu’un. Il sent ses mains autonomes, « comme si elles bougeaient avec des mouvements que je ne contrôle pas ». Il pense au suicide. Il cherche à contrôler, à tout contrôler. D’ailleurs, ce n’est pas nouveau, il cherche à se contrôler et s’observe en permanence, se juge, se voit de l’extérieur depuis qu’il est jeune, depuis son adolescence. Il a été voir un psychiatre quinze jours plus tôt qui lui a prescrit antidépresseurs et anxiolytiques. Il fait du yoga, de la méditation, du sport, randonnée et course à pied, pour contrôler ses peurs. Il dit avoir « fait » un burn out il y a un an. Il sent des vertiges quand il y a du monde autour de lui, ne sait pas comment se comporter avec les autres, dans les situations sociales. Lorsqu’il arrive, je ressens une personne tendue, sous une apparence « baba cool », dreadlocks, vêtements amples et colorés.
Pour décrire son contexte familial, il parle du divorce de ses parents, avec un père issu d’une autre culture et une mère française d’origine. Elle a refait sa vie avec un homme avec lequel il a du mal à entrer en lien au début de leur relation. Il dit : « je me blinde, je me suis blindé ». Du côté de son père, il décrit une famille où il y a de la violence. Un cousin qui fait du trafic et consomme de l’héroïne. Il a été confronté à des scènes avec des armes. Il a su s’opposer aux diverses propositions de consommation. Il décrit son père comme « peu rassurant », peu dans l’affectif. Sa mère qui au moment où elle a reconstruit sa vie est ressentie comme peu disponible pour lui. Il a rompu les relations avec son père à un moment où il a exprimé ses attentes et ses ressentis. C’était il y a dix-sept ans, il était alors âgé de 16 ans. Lors de cet échange, Daniel a eu peur de lui, de ses réactions, de son regard. Il entretient des relations avec sa famille paternelle. Il sait que son père vit avec une autre femme et qu’il a une petite soeur de 16 ans qu’il ne peut pas voir en raison de la rupture des relations avec leur père. Il ressent d’ailleurs une certaine culpabilité de ne pas pouvoir l’aider, car il la perçoit en danger.
D’un point de vue général, je ressens une personne qui a besoin de prouver sa valeur aux autres, d’en faire toujours trop de ce fait, de ne jamais être à son écoute, à l’écoute de ses besoins. Daniel est très dans l’intellectualisation des événements de vie. Il intellectualise tout, analyse tout. De ce fait, il est très « à côté » de son corps. Ne l’écoute pas. Il ne ressent son corps que dans les sports de l’extrême : escalade, via ferrata, où il y a un risque vital. Actuellement, Daniel vit avec une compagne et se décrit avec des réactions inappropriées par rapport à elle. Il dit avoir l’impression de porter un masque depuis l’âge de 17 ans. Lors de la première rencontre, je lui propose une séance d’hypnose debout. En effet, Daniel est très dissocié et je pense qu’il est utile de le réassocier aux sensations de son corps. Sensations dont il a peur et se méfie. J’enregistre cette séance que je lui demande de réécouter au moins une fois par jour, debout. Il s’agit simplement lors de cette première séance de sentir les sensations de son corps et de les accueillir comme des signaux de vie. Les sensations se modifient d’un moment à un autre. Je revois Daniel vingt-huit jours plus tard. Il va mieux selon lui. Il dit avoir été surpris de l’inattendu de la première rencontre, de la séance d’hypnose, de ce qu’il a expérimenté et ressenti. Il dit avancer autrement. Les phobies ont presque disparu. Il précise : « je peux contrôler ma peur ». C’est suite à cette remarque, que je lui demande de préciser comment il « maîtrise » sa peur. Devant ses réponses floues et très intellectualisées, je lui demande s’il accepte une séance d’hypnose où je lui propose de s’installer dans ses peurs.
Je vous livre ici l’échange que nous avons eu...
Je demande à Daniel de s’installer en position tonique. Les deux pieds au sol, les mains sur les jambes.
- Thérapeute : « Je n’ai pas peur des réactions de votre corps, votre corps produit toujours des réactions qui visent à vous permettre de vous adapter au mieux.
- Patient : Je vous fais confiance, d’accord.
- Th. : Je vous propose alors que vous êtes assis ici dans ce fauteuil de sentir votre corps, comme vous savez bien le faire maintenant. Vous sentez toutes les sensations qui vous permettent de vous sentir être là, vivant, maintenant. Le patient s’installe, ferme les yeux...
- Th. : Je vous propose de laisser vos doigts pianoter sur les accoudoirs. Et tandis que vous sentez vos doigts bouger, vous sentez votre respiration, votre dos, vos pieds sur terre… Très bien… Vous laissez venir toutes les peurs : peur d’étrangler quelqu’un, peur de tuer, peur de ne pas être à la hauteur, peur de dire des choses inappropriées, peur de votre père, peur de ne pas vous en sortir, peur de vous suicider… Vous laissez venir ici toutes vos peurs, celles-là et d’autres encore. » J’observe les battements intenses des paupières, la respiration plus rapide, une forme d’immobilité dans le corps et dans le reste du visage…
Je reçois Daniel, 33 ans. Il vient me voir car il fait des crises d’angoisse et souffre de phobies d’impulsion, il se fait peur. Il se voit étrangler quelqu’un. Il sent ses mains autonomes, « comme si elles bougeaient avec des mouvements que je ne contrôle pas ». Il pense au suicide. Il cherche à contrôler, à tout contrôler. D’ailleurs, ce n’est pas nouveau, il cherche à se contrôler et s’observe en permanence, se juge, se voit de l’extérieur depuis qu’il est jeune, depuis son adolescence. Il a été voir un psychiatre quinze jours plus tôt qui lui a prescrit antidépresseurs et anxiolytiques. Il fait du yoga, de la méditation, du sport, randonnée et course à pied, pour contrôler ses peurs. Il dit avoir « fait » un burn out il y a un an. Il sent des vertiges quand il y a du monde autour de lui, ne sait pas comment se comporter avec les autres, dans les situations sociales. Lorsqu’il arrive, je ressens une personne tendue, sous une apparence « baba cool », dreadlocks, vêtements amples et colorés.
Pour décrire son contexte familial, il parle du divorce de ses parents, avec un père issu d’une autre culture et une mère française d’origine. Elle a refait sa vie avec un homme avec lequel il a du mal à entrer en lien au début de leur relation. Il dit : « je me blinde, je me suis blindé ». Du côté de son père, il décrit une famille où il y a de la violence. Un cousin qui fait du trafic et consomme de l’héroïne. Il a été confronté à des scènes avec des armes. Il a su s’opposer aux diverses propositions de consommation. Il décrit son père comme « peu rassurant », peu dans l’affectif. Sa mère qui au moment où elle a reconstruit sa vie est ressentie comme peu disponible pour lui. Il a rompu les relations avec son père à un moment où il a exprimé ses attentes et ses ressentis. C’était il y a dix-sept ans, il était alors âgé de 16 ans. Lors de cet échange, Daniel a eu peur de lui, de ses réactions, de son regard. Il entretient des relations avec sa famille paternelle. Il sait que son père vit avec une autre femme et qu’il a une petite soeur de 16 ans qu’il ne peut pas voir en raison de la rupture des relations avec leur père. Il ressent d’ailleurs une certaine culpabilité de ne pas pouvoir l’aider, car il la perçoit en danger.
D’un point de vue général, je ressens une personne qui a besoin de prouver sa valeur aux autres, d’en faire toujours trop de ce fait, de ne jamais être à son écoute, à l’écoute de ses besoins. Daniel est très dans l’intellectualisation des événements de vie. Il intellectualise tout, analyse tout. De ce fait, il est très « à côté » de son corps. Ne l’écoute pas. Il ne ressent son corps que dans les sports de l’extrême : escalade, via ferrata, où il y a un risque vital. Actuellement, Daniel vit avec une compagne et se décrit avec des réactions inappropriées par rapport à elle. Il dit avoir l’impression de porter un masque depuis l’âge de 17 ans. Lors de la première rencontre, je lui propose une séance d’hypnose debout. En effet, Daniel est très dissocié et je pense qu’il est utile de le réassocier aux sensations de son corps. Sensations dont il a peur et se méfie. J’enregistre cette séance que je lui demande de réécouter au moins une fois par jour, debout. Il s’agit simplement lors de cette première séance de sentir les sensations de son corps et de les accueillir comme des signaux de vie. Les sensations se modifient d’un moment à un autre. Je revois Daniel vingt-huit jours plus tard. Il va mieux selon lui. Il dit avoir été surpris de l’inattendu de la première rencontre, de la séance d’hypnose, de ce qu’il a expérimenté et ressenti. Il dit avancer autrement. Les phobies ont presque disparu. Il précise : « je peux contrôler ma peur ». C’est suite à cette remarque, que je lui demande de préciser comment il « maîtrise » sa peur. Devant ses réponses floues et très intellectualisées, je lui demande s’il accepte une séance d’hypnose où je lui propose de s’installer dans ses peurs.
Je vous livre ici l’échange que nous avons eu...
Je demande à Daniel de s’installer en position tonique. Les deux pieds au sol, les mains sur les jambes.
- Thérapeute : « Je n’ai pas peur des réactions de votre corps, votre corps produit toujours des réactions qui visent à vous permettre de vous adapter au mieux.
- Patient : Je vous fais confiance, d’accord.
- Th. : Je vous propose alors que vous êtes assis ici dans ce fauteuil de sentir votre corps, comme vous savez bien le faire maintenant. Vous sentez toutes les sensations qui vous permettent de vous sentir être là, vivant, maintenant. Le patient s’installe, ferme les yeux...
- Th. : Je vous propose de laisser vos doigts pianoter sur les accoudoirs. Et tandis que vous sentez vos doigts bouger, vous sentez votre respiration, votre dos, vos pieds sur terre… Très bien… Vous laissez venir toutes les peurs : peur d’étrangler quelqu’un, peur de tuer, peur de ne pas être à la hauteur, peur de dire des choses inappropriées, peur de votre père, peur de ne pas vous en sortir, peur de vous suicider… Vous laissez venir ici toutes vos peurs, celles-là et d’autres encore. » J’observe les battements intenses des paupières, la respiration plus rapide, une forme d’immobilité dans le corps et dans le reste du visage…
Sophie COHEN
Psychologue, pratique l’hypnose depuis plus de vingt ans. Intervient dans de nombreux instituts ou diplômes universitaires en France et à l’étranger. Directrice de l’iconographie de la revue « Hypnose & Thérapies brèves » et autrice pour les rubriques « Livres en bouche » et « Bonjour et après ».
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- Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente dans son édito le contenu de ce n°68 :
Comment devenir un meilleur thérapeute ?
Cette question est au centre de notre pratique, elle implique la « présence » du thérapeute dans une approche centrée sur le corps relationnel, ainsi que la mise en place d’évaluations visant à améliorer la qualité du lien thérapeutique.
. François Cartault nous montre comment le travail sur le deuil implique de retrouver la relation perdue comme étape initiale avant de développer l’autonomie de la personne endeuillée. Dans la séance présentée, le questionnement narratif met en évidence l’importance de décrire les différences et les points communs entre les sujets pour enrichir et faire perdurer la relation.
. Solen Montanari nous décrit la situation d’Elisa, 14 ans, qui a perdu toute confiance, un « truc » l’empêchant de lâcher prise dans la relation de soin. Selon l’approche TLMR (Thérapie du lien et des mondes relationnels) qu’elle pratique, elle intègre sa propre résonance (image d’un iceberg et vécu de chair de poule) pour co-construire un imaginaire partagé où le thérapeute et Elisa regardent ensemble la scène et en ressentent les effets sous forme d’une expérience unique.
. Sylvie Le Pelletier-Beaufond nous fait part de son expérience des séances d’hypnose partagées avec François Roustang. Elle souligne l’importance de la ''présence'' pour François Roustang dans sa manière de constituer une relation thérapeutique. Elle rappelle le principe qui gouverne sa pensée, l’existence de deux registres distincts : une forme discontinue correspondant à la dimension de l’individualité, et une forme continue, un fond, constitué de l’ensemble du système relationnel correspondant à la dimension de la singularité.
Ces trois auteurs mettent en scène ce qui est au centre de l’utilisation de l’hypnose en thérapie : le développement d’un processus coopératif où la présence du thérapeute est renforcée par le fait que ce dernier ne pense pas à la place du sujet.
. Grégoire Vitry et ses collaborateurs nous montrent comment la participation de chaque thérapeute à un réseau d’évaluation de sa propre pratique (Réseau SYPRENE) favorise une amélioration de notre pratique. Dans ce travail de recherche portant sur les effets de l’évaluation de l’alliance thérapeutique et de l’état de bien-être, nous comprenons l’importance de tenir compte de la perception du sujet et de partager avec nos pairs.
- L’édito de Gérard Ostermann dans l’Espace Douleur Douceur souligne l’importance de la capacité du thérapeute à faire un « pas de côté » pour rendre l’hypnose vivante dans les soins.
- Chirurgie maxillo-faciale en mission humanitaire, un article de Christine ALLARY
- Olivier de Palezieux nous parle du placebo
- Corps et espace sécure: changer le monde du patient par Jean-François DESJARDINS
- Dans le dossier consacré aux addictions, une constante est l’absence de confiance dans la relation humaine. Les trois auteurs, Maxime Devars, Anne Surrault et Nathalie Denis, nous proposent différentes manières de se libérer des symptômes bloqueurs de la relation (hyperactivité dans l’anorexie, conduite automatique chez le fumeur). Ils s’appuyent sur leur créativité et un imaginaire donnant toute sa place à la stratégie pour que les sujets puissent se réapproprier leur responsabilité dans le soin.
Nous retrouvons la qualité des chroniques habituelles, l’humour de Stefano et Muhuc, les situations cliniques richement décrites par Sophie Cohen, Adrian Chaboche et Nicolas D’Inca : à lire et à se laisser imprégner.
Ce numéro rend également hommage au Professeur Peter B. Bloom, ancien président de l’ISH qui vient de nous quitter le 10 septembre 2022 à l’âge de 86 ans. Dans une interview donnée à Gérard Fitoussi, il souligne l’importance de la créativité dans notre pratique et son espoir que l’hypnose continue à favoriser les rencontres et à nous faire partager des histoires de vie.
Crédit photo © Michel Eisenlohr
Comment devenir un meilleur thérapeute ?
Cette question est au centre de notre pratique, elle implique la « présence » du thérapeute dans une approche centrée sur le corps relationnel, ainsi que la mise en place d’évaluations visant à améliorer la qualité du lien thérapeutique.
. François Cartault nous montre comment le travail sur le deuil implique de retrouver la relation perdue comme étape initiale avant de développer l’autonomie de la personne endeuillée. Dans la séance présentée, le questionnement narratif met en évidence l’importance de décrire les différences et les points communs entre les sujets pour enrichir et faire perdurer la relation.
. Solen Montanari nous décrit la situation d’Elisa, 14 ans, qui a perdu toute confiance, un « truc » l’empêchant de lâcher prise dans la relation de soin. Selon l’approche TLMR (Thérapie du lien et des mondes relationnels) qu’elle pratique, elle intègre sa propre résonance (image d’un iceberg et vécu de chair de poule) pour co-construire un imaginaire partagé où le thérapeute et Elisa regardent ensemble la scène et en ressentent les effets sous forme d’une expérience unique.
. Sylvie Le Pelletier-Beaufond nous fait part de son expérience des séances d’hypnose partagées avec François Roustang. Elle souligne l’importance de la ''présence'' pour François Roustang dans sa manière de constituer une relation thérapeutique. Elle rappelle le principe qui gouverne sa pensée, l’existence de deux registres distincts : une forme discontinue correspondant à la dimension de l’individualité, et une forme continue, un fond, constitué de l’ensemble du système relationnel correspondant à la dimension de la singularité.
Ces trois auteurs mettent en scène ce qui est au centre de l’utilisation de l’hypnose en thérapie : le développement d’un processus coopératif où la présence du thérapeute est renforcée par le fait que ce dernier ne pense pas à la place du sujet.
. Grégoire Vitry et ses collaborateurs nous montrent comment la participation de chaque thérapeute à un réseau d’évaluation de sa propre pratique (Réseau SYPRENE) favorise une amélioration de notre pratique. Dans ce travail de recherche portant sur les effets de l’évaluation de l’alliance thérapeutique et de l’état de bien-être, nous comprenons l’importance de tenir compte de la perception du sujet et de partager avec nos pairs.
- L’édito de Gérard Ostermann dans l’Espace Douleur Douceur souligne l’importance de la capacité du thérapeute à faire un « pas de côté » pour rendre l’hypnose vivante dans les soins.
- Chirurgie maxillo-faciale en mission humanitaire, un article de Christine ALLARY
- Olivier de Palezieux nous parle du placebo
- Corps et espace sécure: changer le monde du patient par Jean-François DESJARDINS
- Dans le dossier consacré aux addictions, une constante est l’absence de confiance dans la relation humaine. Les trois auteurs, Maxime Devars, Anne Surrault et Nathalie Denis, nous proposent différentes manières de se libérer des symptômes bloqueurs de la relation (hyperactivité dans l’anorexie, conduite automatique chez le fumeur). Ils s’appuyent sur leur créativité et un imaginaire donnant toute sa place à la stratégie pour que les sujets puissent se réapproprier leur responsabilité dans le soin.
Nous retrouvons la qualité des chroniques habituelles, l’humour de Stefano et Muhuc, les situations cliniques richement décrites par Sophie Cohen, Adrian Chaboche et Nicolas D’Inca : à lire et à se laisser imprégner.
Ce numéro rend également hommage au Professeur Peter B. Bloom, ancien président de l’ISH qui vient de nous quitter le 10 septembre 2022 à l’âge de 86 ans. Dans une interview donnée à Gérard Fitoussi, il souligne l’importance de la créativité dans notre pratique et son espoir que l’hypnose continue à favoriser les rencontres et à nous faire partager des histoires de vie.
Crédit photo © Michel Eisenlohr
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