Le regain d'intérêt de cette pratique ancienne s'explique par le développement de l'imagerie cérébrale. "Une fois qu'on a glissé vers le processus hypnotique, on a accès à un fonctionnement différent du cerveau. L'imagerie médicale [IRM fonctionnelle] montre même que, en état d'hypnose, la connectivité du cerveau est modifiée. Le but est donc de tirer parti de cet état modifié pour se protéger de certains épisodes douloureux", décrit-elle.
"C'est un outil supplémentaire, un plus", considère le docteur Imelda Schwartz-Haennel, médecin anesthésiste, chef de service du pôle mère-enfant en gynécologie obstétrique et pédiatrie de l'hôpital public de Colmar (Haut-Rhin), qui dirige la Confédération francophone de l'hypnose et des thérapies brèves (CFHTB), réunissant environ 3 000 professionnels.
Dans l'équipe du docteur Schwartz-Haennel, cinq médecins sur sept et dix infirmières sur quatorze sont formés à cette pratique. Un outil d'autant plus utile que les médecins ont parfois un sentiment d'impuissance face à la souffrance. Un diplôme universitaire hypnose médicale a été créé en 2001 à la Pitié-Salpêtrière à la faculté de médecine de Paris-VI.
"Il ne s'agit pas de faire miroiter une guérison miraculeuse mais de réduire l'inconfort et les doses de médicaments avalées par les patients", ajoute le professeur Faymonville.
"Plus personne aujourd'hui parmi les médecins n'ose dire que c'est n'importe quoi. C'est une vraie médecine", affirme le docteur Jean-Marc Benhaiem, médecin hypnothérapeute. Cela peut être aussi un outil pour apaiser les névroses post-traumatiques ou les souffrances des victimes d'attentats. Antoine Bioy, psychologue, y a aussi recours pour soigner l'anxiété.
Les effets de l'hypnose sont également efficaces pour les soins dentaires. Karine Antonik-Barmas, assistante dentaire depuis trente ans, la propose aux personnes qui ont de l'appréhension, accompagnée d'un anesthésiant ou pas. "Dans tous les cas, la personne aura moins mal", explique-t-elle. Pour des thérapies brèves ou pour mieux gérer la douleur chronique à domicile, des séances de formation à l'auto-hypnose peuvent être proposées.
L'adhésion de l'ensemble des soignants est importante. "Cela demande un investissement des équipes, une présence assidue et beaucoup de moyens", explique le professeur Francis Bonnet, chef du service d'anesthésie de l'hôpital Tenon à Paris. Mais attention, l'hypnose doit se manier avec précaution. Elle doit être pratiquée par des soignants formés à cette technique.
Pascale Santi
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