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Les champs du possible. Dr Adrian Chaboche

Revue Hypnose & Thérapies brèves n°44



Chers lecteurs, continuons de nous interroger sur la façon dont l’hypnose amène à réinstaller un mouvement dans la vie du patient. Et enrichissons-nous de prolonger la réflexion : n’appartient-il pas déjà au thérapeute d’être dans son mouvement et s’autoriser à ne plus savoir pour entrer dans la créativité thérapeutique ?

Autant que deux danseurs, le thérapeute serait alors celui qui ouvre le premier pas à l’aide d’une suggestion, autant que d’une main il invite son partenaire à s’avancer. La qualité du thérapeute serait celle de pouvoir, dès le premier regard, le contact princeps, accompagner le geste que propose la personne, le suivre, marcher à ses côtés. Il s’agit d’une proposition, à laquelle le patient répond. A la condition qu’il le souhaite. En cela, le thérapeute ne fait rien. Il est à l’écoute, il scrute la personne, sans aucun jugement, si ce n’est une bienveillance qui ne vise pas à être sympathique.

Prenons un instant pour nous rappeler la mémoire de François Roustang qui continue d’être présent, derechef, dans nos pensées, et dont cette rubrique est aussi un hommage. Il nous disait bien que « le psychothérapeute doit être avant tout un “provocateur” pour rappeler au patient qu’il n’a rien d’autre à faire que vivre » (rencontre avec F.R., « Pour en finir avec la psychologie », Sciences Humaines, n° 275, novembre 2015). Pour cela reconsidérons notre rôle, notre posture. Nous, thérapeutes, sommes les patients. Car nous attendons, parfois longuement avec patience, d’autres fois la personne a déjà fait l’essentiel et c’est la note finale. La personne est le soignant. C’est elle qui va faire quelque chose pour elle. Ce « quelque chose » doit nous échapper car il ne nous appartient pas d’en juger.

Une patiente d’une cinquantaine d’années vient me voir dans la plainte d’une phobie de la voiture. Je découvre une femme recroquevillée, timide, aux yeux bleus perçants mais évitants. Au cours de l’entretien, elle me glisse qu’elle prend du Deroxat. J’entends « dépression » mais qui m’apparaît ancienne. Je suis son mouvement de ne pas nous y attarder. Elle me raconte combien elle est immobilisée dans sa phobie : « je ne sors plus, je ne pense qu’à ça dès que j’envisage de faire quelque chose. Je voudrais reprendre le travail ». Sa voix est tremblante, elle est terrifiée, intimidée dans son fauteuil. Elle est donc dans une grande sincérité. La voiture peut être la cristallisation de ce qui change, ce qui est en mouvement, là où elle s’est arrêtée dans sa vie.

Tout paraît simple pour cette séance, et en même temps, tout en l’observant attentivement, elle m’échappe, se dérobe. Je ne sais quoi lui proposer. J’accepte de ne pas prendre appui sur cette fausse simplicité. Je reste à ne rien savoir, n’avoir aucune idée de quoi lui proposer, ni même d’induction ou du déroulement de la séance. Son regard évite le mien, ses yeux sont posés sur ses mains, elles-mêmes installées sur ses cuisses. Je l’invite à se concentrer là ou son regard s’est posé naturellement. A fixer cela. Donc à entrer totalement dans son immobilité.

Je l’encourage, sans rien savoir, à continuer. L’un de ses pieds sursaute. Le mouvement. Il suffit d’un geste. Est-ce un mouvement de résistance ? Tente-t-elle de sortir de ce début d’état cataleptique ? Je ne juge de rien. « Votre pied a certainement fait quelque chose d’important. » Encore un mouvement du pied. Puis un autre. Comme une onde se propage, l’autre pied aussi. Elle semble pianoter sur le sol. Toujours assise, c’est la jambe qui se soulève, sa semelle se détache du sol de quelques centimètres, puis se pose, et continue cette surprenante danse. Aucune suggestion ne l’y a amenée. Mais elle fait. Je la suis.

« Vous pouvez continuez à observer ce que vos jambes font pour vous. » Cela dure assez longtemps, il s’écoule presque 30 minutes durant lesquelles je ne fais que ratifier, valider. Je lui propose d’être libre de ne plus avoir à fixer ses mains. Son regard trouve alors le mien, ses yeux sont espiègles. « Est-ce que ça va ? - Oui... c’est curieux, mes jambes continuent de bouger encore ! - Est-ce que cela vous convient ? - Cela ne me gêne pas ! Au contraire, c’est surprenant ! » Laissons cela se faire. En la raccompagnant, nous observons que ses jambes continuent cette curieuse danse, même debout. Même si la séance est « finie » (ou bien ne fait-elle que commencer ?).



Des étoiles pour nous guider. Sophie Cohen
Chères lectrices et chers lecteurs, Comme vous le savez certainement, le monde de l’hypnose vient de perdre l’une de ses grandes figures en la personne de François Roustang. Il a été l’un des grands « penseurs » de l’hypnose. Il a en particulier cherché à définir et comprendre ce qui se déroulait dans une rencontre et lors d’une séance. Nous lirons l’hommage de Jean-Marc Benhaiem, son ami et disciple.

Se réinventer grâce à l’hypnose. Nicole Prieur
Une nécessité pour notre XXIe siècle. Notre siècle génère de nouvelles souffrances liées aux progrès mêmes qu’il a mis en œuvre. L’accélération de notre époque impose un rapport au temps très paradoxal, nous n’avons jamais eu autant de temps à notre disposition (davantage de temps de loisirs, plus grande espérance de vie) et pourtant nous en manquons sans cesse au regard de toutes les tâches à faire en un temps donné. 


Les suggestions directes. Dr Dominique Megglé
Qu’en pense le Docteur Erickson ? Dominique Megglé a fait un vrai travail de recherches dans tous les livres et articles d’Erickson. Il développe sa pensée qu’il avait déjà en partie évoquée dans le numéro 30 de notre Revue. Des échanges avec des spécialistes ont invité Dominique Megglé à réaliser davantage de recherches. 

Anorexie/boulimie : véritable enjeu de santé publique. Dr Bruno Dubos
Les données de l’Inserm s’accordent sur deux constats : 0,5 % des jeunes filles dans leur dix-huitième année, et seulement 0,03 % des garçons, présentent des symptômes évocateurs d’anorexie. Le deuxième aspect est que ces troubles évoluent vers la chronicité. Ces problèmes représentent un véritable défi pour les thérapeutes et donc pour les hypnothérapeutes que nous sommes. Lorsqu’il m’a été confié la responsabilité de diriger ce numéro thématique sur l’anorexie et la boulimie, le titre m’est venu spontanément : « Un nouveau regard ».

Anorexie : du symptôme aux processus. Dr Bruno Dubos
L’anorexie et la boulimie sont un véritable défi pour les thérapeutes. Mais plutôt que de parler d’anorexie ou de boulimie, il convient de prendre en compte qu’il s’agit de patientes, adolescentes ou moins jeunes qui viennent dans nos cabinets de consultation avec ce symptôme. La réputation de ces problèmes est particulière, renforcée il est vrai par nos expériences en thérapie avec ces patientes.

La réassociation dans les troubles alimentaires. Sophie Cohen
Le thème de la réassociation est souvent peu traité. On parle et on écrit en effet volontiers de la dissociation en hypnose. La dissociation est utile dans nombre de situations où, par exemple, des soins génèrent de la douleur. Ainsi l’on enseigne le savoir-accompagner le patient dans un état dissociatif. Dans un ensemble de pathologies, savoir si une personne est dissociée ou associée n’est pas pris en compte. Alors que la dissociation spontanée peut représenter une protection naturelle dans les premiers temps d’une situation, elle devient pathologique si elle s’inscrit comme une façon d’être dans la durée.

Thérapie du couple parental. Dr Patrice CHARBONNEL
L’anorexie mentale est une pathologie essentiellement féminine qui se révèle le plus souvent juste après la puberté. Ce trouble des conduites alimentaires associe des symptômes de comportements nutritionnels (privation alimentaire stricte et volontaire pendant plusieurs mois ou années, éviction de certains aliments, phases boulimiques) et somatiques (aménorrhée, arrêt de la croissance chez l’adolescente) à des symptômes psychologiques (perception déformée de son corps et en particulier de sa maigreur, peur de grossir, besoin de contrôle sur le corps, obsessions alimentaires, hyperactivité, surinvestissement intellectuel, régression en âge émotionnel).

« Au fait, j’y pense, j’ai oublié d’vous dire… » Dr Stefano Colombo
Frédéric venait de poser son téléphone. Après d’innombrables hésitations, il avait pris la décision de consulter un thérapeute. Cela faisait un bon moment que son épouse insistait pour qu’« il voit quelqu’un ». « Ça te fera du bien, précisait-elle, on ne peut pas continuer ainsi. » Il en avait conscience. Il partageait l’avis de sa femme tout en se questionnant sur l’efficacité d’une telle démarche.

Des étoiles pour guide. Sophie Cohen
Des étoiles... des stars... en anglais... des personnes... des personnes de passage avec une présence merveilleuse... comme ça, une chaleur offerte à ce moment-là...
Au bon moment... Des personnes comme de petites ou de grandes étoiles... Etoiles qui clignotent dans le ciel dont la lumière éclaire les larmes de joie qui ruissellent sur nos visages... Qui n’a pas pleuré sous un ciel étoilé ? Qui ne s’est pas ému devant la fragilité de nos vies ?

Les champs du possible. Dr Adrian Chaboche
Chers lecteurs, continuons de nous interroger sur la façon dont l’hypnose amène à réinstaller un mouvement dans la vie du patient. Et enrichissons-nous de prolonger la réflexion : n’appartient-il pas déjà au thérapeute d’être dans son mouvement et s’autoriser à ne plus savoir pour entrer dans la créativité thérapeutique ? Autant que deux danseurs, le thérapeute serait alors celui qui ouvre le premier pas à l’aide d’une suggestion, autant que d’une main il invite son partenaire à s’avancer.

Pédagogie Kaddouch. Dr Dina Roberts
Ce « pas de côté » vers la pédagogie musicale est né de ma rencontre avec Julien Laroche lors d’une conférence sur le thème « Jouer ensemble », organisée par des danseurs. J’ai été immédiatement tentée de l’inviter ici quand je l’ai entendu se définir comme « chercheur indiscipliné » plutôt qu’interdisciplinaire. Sa démarche même est faite de pas de côté : il part du phénomène qu’il étudie et convoque les disciplines qui permettent de l’éclairer. Ses études sur les interactions sociales l’ont amené à travailler sur l’improvisation musicale dans la méthode Kaddouch.

Entretien avec le Docteur Jeffrey Zeig. Dr Gérard Fitoussi
Bonjour Docteur Zeig, vous avez une énorme influence dans le champ de l’hypnose ericksonienne, pouvez-vous nous donner des précisions sur votre cheminement personnel ? Jeffrey Zeig : J’ai commencé à étudier l’hypnose à l’université de San Francisco au moment de mon master de psychologie clinique. Un des psychiatres présents, qui était mon superviseur, m’a fait connaître l’hypnose et m’a indiqué qu’une des meilleures façons de la découvrir était de l’expérimenter moi-même.

Livres en bouche. Dr Grégory Lambrette
Compte-rendu. Voilà qu’à l’occasion de la rentrée littéraire de septembre 2015 est arrivé sur les étagères de nos librairies non pas un, mais deux ouvrages signés de la main de Giorgio Nardone, l’une des figures de proue les plus actives et créatives du modèle stratégique en psychothérapie. On le sait, Nardone cultive depuis plusieurs décennies maintenant un art du changement consistant à trouver des solutions simples aux problèmes insolubles comme il le qualifie lui-même.

Colloque « L’œuvre de François Roustang ». Dr Grégory Tosti
Le 23 novembre 2016, François Roustang s’est éteint à l’âge de 93 ans. Psychanalyste dissident, philosophe, hypnothérapeute, écrivain, cet ancien jésuite a bouleversé la pratique et la compréhension de l’hypnose et a créé en 1996, avec le Dr Jean-Marc Benhaiem, l’Association française pour l’étude de l’hypnose médicale (AFEHM) ; association qui donna le jour au premier Diplôme universitaire d’hypnose médicale en 2001.

Recherches: les applications. Dr Lauriane Bordenave et Dr Adrian Chaboche
La neurochirurgie éveillée est un mythe qu’on agite souvent lorsqu’on parle d’hypnose au bloc opératoire. Sauf qu’il s’agit d’une réalité. La preuve avec cette belle série française. Les glioblastomes de bas grade sont des tumeurs cérébrales malignes infiltrantes, et le défi de la chirurgie est de trouver le meilleur compromis entre l’exérèse la plus complète possible et la préservation des tissus sains adjacents. Pour ce faire, certaines équipes réalisent des craniotomies sur des patients éveillés.

Hommage à François Roustang. Dr Jean-Marc Benhaiem
Je m’exprime au nom de tous les soignants, médecins, psychologues si nombreux à avoir lu, entendu, aimé et intégré l’œuvre de François Roustang dans leur pratique. Je parle aussi, bien entendu, en mon nom propre. François a bien voulu s’associer à mon projet de formation. Nous avons ainsi travaillé ensemble pendant vingt années, côte à côte, dans notre association d’enseignement de l’hypnose médicale et au sein de l’Université Paris VI à la Pitié-Salpêtrière.


Rédigé le 07/08/2017 à 16:01 modifié le 17/07/2018

Laurent Gross
Vice-Président de France EMDR-IMO ®, Hypnothérapeute à Paris, Chargé d'Enseignement en Hypnose... En savoir plus sur cet auteur

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