
Définition
On entend par mutilations sexuelles ou mutilations génitales féminines (MGF), les actes de violence perpétrés contre l’intégrité sexuelle des personnes de sexe féminin, y compris les mutilations génitales féminines et les inspections imposées pour s’assurer de la virginité.Les différentes formes de mutilations sexuelles









Les classifications internationales
L’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) ont établi une classification internationale en quatre types des diverses formes de mutilation génitale : 



Les justifications à l’origine des pratiques mutilantes
Les mutilations sexuelles sont motivées par des raisons diverses : — culturelles : éducation et initiation des fillettes à l’âge adulte et au mariage, perpétuation d’une tradition ancestrale, considérations esthétiques et hygiéniques, croyances populaires concernant la fécondité, etc. Par exemple, au Nigeria, une croyance soutient que l’enfant est condamné à mourir si sa tête touche le clitoris de sa mère pendant l’accouchement.
— sociales : préservation de la virginité prénuptiale et de la fidélité conjugale par réduction du désir sexuel, conformité sociale et intégration communautaire
— religieuses.
Contrairement à une idée largement répandue et malgré la conviction de certains dignitaires musulmans, les mutilations sexuelles ne sont pas ordonnées par l’Islam et ne sont prescrites par aucun texte sacré. Elles sont également pratiquées dans certaines communautés chrétiennes (par exemple, en Afrique) et juives (par exemple, en Ethiopie). De plus, il est attesté qu’elles sont réalisées depuis des temps immémoriaux antérieurs à l’apparition des religions monothéistes. En effet, des momies de plus de 3000 ans prouvent que les égyptiens pratiquaient déjà l’excision. L’expansion militaire et politique des Arabes dans les premiers siècles après Mahomet a entraîné l’islamisation de contrées où ces pratiques étaient courantes. Elles ont été progressivement intégrées dans les rites musulmans jusqu’à se confondre aujourd’hui dans certaines régions avec les prescriptions religieuses. Notons toutefois que le risque de subir une mutilation sexuelle est davantage lié à l’appartenance ethnique qu’à l’affiliation religieuse.
Le nombre de personnes concernées
On estime entre 100 et 140 millions le nombre de fillettes et de femmes mutilées dans le monde . Deux millions d’interventions sont pratiquées chaque année, principalement sur des fillettes entre 4 et 10 ans mais également sur des bébés. Les régions concernées
Les mutilations sexuelles féminines sont répandues dans de nombreux pays, principalement en Afrique sub-saharienne (28 pays ) et au Moyen-Orient (Yémen, Arabie Saoudite, Emirat d’Oman). Dans une moindre mesure, elles sont présentes dans certains groupes au Proche-Orient (Irak, Israël), en Asie (Inde, Indonésie, Malaisie, Sri Lanka) et en Amérique latine (Colombie, Pérou). Certaines pratiques mutilantes sont également signalées dans des ethnies d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud et en Australie. En Occident, l’accroissement des populations migrantes s’accompagne d’un risque significatif d’excision sur les terres d’accueil. Les exciseurs
Suivant les régions, les mutilations sont pratiquées selon des rites traditionnels par des forgeronnes ou des femmes d’âge mûr appartenant aux institutions initiatiques féminines, des accoucheuses traditionnelles ou des barbiers. Elles sont parfois réalisées médicalement par des médecins ou des sages-femmes dans des centres de santé. Dans certaines régions, en raison de la prise de conscience accrue des conséquences dommageables des mutilations sexuelles sur la santé, les parents sont de plus en plus nombreux à en confier l’intervention à des professionnels de la santé pratiquant dans des dispensaires publics, des centres privés, à domicile ou en d’autres lieux. Par exemple, en Égypte, plus de la moitié des excisions seraient pratiquées par des médecins ou des infirmières .
La médicalisation des mutilations permet de modérer les douleurs et de réduire les risques immédiats tels que les hémorragies et les infections. Toutefois, elle ne protège pas des complications sexuelles, psychologiques et obstétricales futures. Ces interventions commises sans nécessité médicale constituent une violation des droits fondamentaux des personnes (droit à la non-discrimination pour des raisons de sexe, droit d’être à l’abri de la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, droits de l’enfant, etc.) , de l’éthique médicale et dans de nombreux pays, de la loi.
Dans les pays occidentaux qui accueillent des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile, elles sont parfois pratiquées clandestinement par des médecins peu soucieux de respecter les législations en vigueur.
Le personnel médical accepte de commettre ces interventions pour diverses raisons : il partage la culture des patientes et considère ces pratiques comme admises culturellement ; il estime contribuer ainsi à la réduction des complications graves ; il est motivé par l’appât du gain ; etc.
La médicalisation des mutilations ne peut que renforcer la légitimité de ces traditions néfastes. En effet, le sérieux généralement reconnu au corps médical et le haut degré de respectabilité dont il jouit laissent penser que les interventions pratiquées sont sans danger, voire bénéfiques à la santé.
Bibliographie
IRIN (2005), Corps meurtris, rêves brisés : la violence à l’égard des femmes mise à jour, Chapitre 4 : La mutilation génitale féminine, www.irinnews.org/pdf/bbf/4IRIN-Duo-French.pdfOrganisation Mondiale de la Santé (OMS) (2008), Eliminer les mutilations sexuelles féminines. Déclaration interinstitutions, Genève, http://whqlibdoc.who.int/publications/2008/9789242596441_fre.pdf
Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (2010), Mutilations sexuelles féminines, Aide-mémoire N°241, Février 2010, Genève, http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs241/fr/
Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (2010), Stratégie mondiale visant à empêcher le personnel de santé de pratiquer des mutilations sexuelles féminines, WHO/RHR/10.9, Genève, http://whqlibdoc.who.int/hq/2010/WHO_RHR_10.9_fre.pdf

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Psychologue clinicienne, psychothérapeute en consultation privée (hypnose éricksonnienne, EMDR, thérapie brève Palo Alto, EFT), formatrice en psychotraumatologie.
Auteur des livres Le traumatisme psychique chez le nourrisson, l’enfant et l’adolescent, de Boeck, coll. « Le point sur » paru en 2011, Le pouvoir des histoires thérapeutiques. L’hypnose éricksonienne dans la guérison des traumatismes psychiques, La Méridienne/Desclée De Brouwer publié en 2007, Interventions en santé mentale dans les violences de masse, écrit en collaboration avec Vincent Dubois, publié en 2009, de boeck
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